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Construire autrement, c’est possible : l’exemple d’Icontech

Entretien avec Martin Fievet, ingénieur au sein d’Icontech

Pourquoi avoir lancé Icontech ?

Tout est parti d’une volonté de redonner un souffle industriel à la région, après la fermeture du site de Caterpillar. Les trois associés Philippe Lebordais, Laurent Valentin et Denis Lefébure, tous trois ingénieurs, ont souhaité proposer une autre manière de construire. En 2019, ils ont fondé Icontech à Marcinelle, dans les anciens ateliers du Technopole Villette, pour industrialiser la construction grâce à des modules tridimensionnels. Imaginez des LEGO géants prêts à l’emploi, qu’on assemble sur chantier. Nous sommes actifs en Wallonie et à Bruxelles.

Concrètement, comment fonctionnent ces modules ?

Ce sont des structures fabriquées en usine, intégrant déjà les équipements essentiels : cuisine, salle de bains, installations techniques… Cela permet de livrer des logements, des bureaux ou des écoles en mode « plug and play ». Le montage est rapide, précis, et sans mauvaise surprise sur chantier. On gagne jusqu’à 50 % de temps par rapport à un chantier traditionnel.

Quel est l’intérêt de recourir à ces modules ?

Chantier

La préfabrication réduit fortement les nuisances en ville : moins de livraisons donc moins de trafic en ville, moins de bruit, moins de poussière, des rues bloquées durant un court laps de temps. C’est un avantage énorme à Bruxelles, où chaque m² compte et où les contraintes logistiques sont fortes. En usine, tout est produit en environnement contrôlé, ce qui garantit qualité, maîtrise des coûts, et moins de gaspillage. Côté qualité de vie pour les ouvriers, ils travaillent en intérieur au sein de l’usine dans un environnement ergonomique contrairement aux contraintes que l’on connait sur les chantiers.

Et sur le plan environnemental ?

Photo en atelier

C’est un pilier fondamental. Nos modules sont conçus pour durer, mais aussi pour être démontés et réutilisés. On travaille avec des matériaux performants, locaux quand c’est possible : acier pour la stabilité, béton pour l’inertie thermique, ossature bois et isolants biosourcés pour le confort. Certains projets atteignent le standard passif. On parle donc de bâtiments plus vertueux et circulaires.

Auriez-vous un exemple de modules posés à Bruxelles ? 

Tout à fait. Nous venons tout juste de terminer un chantier de surélévation à Jette. Au-dessus d’un atelier, nous avons installé un bureau de plus de 100 m², surmonté d’un appartement duplex — le tout réparti en 10 modules. Ces modules ont été grutés et assemblés en seulement deux jours. Cela signifie que l’ensemble des nuisances pour le voisinage (rue bloquée, bruit, livraisons…) s’est limité à ces deux jours ! Pour le reste du chantier, les matériaux sont directement livrés à l’intérieur des modules, et nos équipes n’ont plus qu’à réaliser les finitions. C’est une solution à la fois rapide, efficace et respectueuse de l’environnement urbain.

Quel message souhaitez-vous faire passer aux entreprises bruxelloises ?

Qu’il est temps d’oser l’innovation. Ce modèle est adaptable aux besoins urbains de Bruxelles : surélévations, rénovations lourdes, constructions en sites contraints… L’industrialisation du bâtiment est un levier concret pour faire face à la pénurie de logements, améliorer la qualité des constructions, et répondre aux enjeux environnementaux. Et surtout : c’est déjà une réalité.

Plus d’informations : https://icontech.be/